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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

si raide que certains de ses compatriotes s’indignèrent ; mais, à Sainte-Hélène, tout en se réservant à lui-même, en sa qualité d’Anglais et de gouverneur, la meilleure habitation, il s’empressa, pour rendre moins désagréable au général Buonaparte la demeure que celui-ci avait choisie ; il fit dresser des tentes ; il organisa mal que bien des chambres ; puis, lorsque Longwood fut désigné, à défaut d’autre, et que Napoléon s’attacha à vouloir s’y installer dans la pensée d’échapper aux fâcheux, d’avoir une sorte de liberté dans une enceinte naturellement fortifiée qu’il put parcourir à son gré, ou simplement par besoin de changer ; lorsque l’amiral se trouva dans l’obligation d’établir, en la petite maison du lieutenant-gouverneur, la suite disproportionnée de l’Empereur : douze maîtres, quatorze domestiques français, des domestiques anglais, des nègres, des Chinois presque à la centaine ; il s’employa avec une activité admirable, adjoignant aux ouvriers mis en réquisition dans l’île entière, les charpentiers de ses navires et des corvées de marins qui traînaient, de Jamestown à Longwood, les bois apportés du Cap ou de la Côte d’Afrique ; il s’ingénia à présenter la maison sous une parure qui dissimulât le mieux possible le délabrement des murs et des parquets, la misère de l’installation, la pauvreté du mobilier.

De cela Napoléon devait souffrir moins qu’un autre ; moins que certains des hommes qui l’entou-