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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

avait des manières, il était du monde, mais il était Anglais, marin, amiral ; sa consigne était stricte et il savait l’observer. « Comme geôlier nous n’eûmes qu’à nous louer de lui, a dit Las Cases, mais comme hôte, nous eûmes à nous en plaindre. » Cockburn n’estimait point qu’il fût un hôte, ni qu’il eût à remplir vis-à-vis du général Buonaparte des devoirs d’hospitalité ; étant chargé de sa garde, il entendait remplir vis-à-vis de son roi ses devoirs de loyal sujet, tout en témoignant à son prisonnier les égards que lui méritaient la position qu’il avait occupée, la carrière qu’il avait remplie et la fortune qui lui était échue ; mais, de là à considérer que Napoléon eût été empereur, qu’il eût légitimement occupé un trône, non pas ! La doctrine anglaise s’en fût trouvée renversée tout entière.

Sir George Cockburn qui faisait ses preuves depuis le début du XIIIe siècle et dont un lointain ancêtre avait obtenu, en 1358, du roi d’Écosse David II la baronnie de Carridon, au comté de Linlithgow, était d’une famille qui, depuis des siècles, marquait dans l’armée, au parlement et dans la politique ; son frère, major général, avait été sous-secrétaire d’État pour la Guerre et les Colonies ; lui-même, né en 1772, entré tout jeune dans la Marine, commandait, à vingt-trois ans, la frégate Meleagre au combat du 13 mars 1795; en 1809, il avait son pavillon de commodore sur le Pompée, lors de la prise de la Martinique. Il avait été de l’expédition de Walcheren et, promu amiral le