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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

qui avait le mieux connu l’héroïque vaincu de Seringapatam !

Et puis il y eût eu avec Wilkes tant d’autres sujets de conversation : la chimie, le Blocus continental, les systèmes militaires des deux nations ; et les deux femmes eussent apporté dans les relations un charme et un agrément singulièrement précieux.

La société du lieutenant-gouverneur, le colonel J. Skelton, eût pu être plus précieuse encore. L’Empereur qui avait succédé aux Skelton dans leur maison de Longwood, les retenait volontiers à dîner lorsqu’ils venaient le voir, se promenait avec le colonel à cheval ou en voiture, jouait aux échecs avec Mrs. Skelton, à laquelle il inspirait une respectueuse pitié.

Il en est une preuve qu’on ne contestera point. Lorsque, un mois environ après les Wilkes, les Skelton durent, le 13 mai 1816, quitter Sainte-Hélène, Mrs. Skelton se montrait inquiète, nerveuse, attristée de laisser l’Empereur aux mains du nouveau gouverneur. « Elle dit qu’elle aurait bien voulu emporter un souvenir de l’Empereur ; elle parle comme quelqu’un qui a envie d’un cadeau », écrit Gourgaud, et, là où il y a le pieux désir d’une relique, il voit un esprit de rapacité. Elle ne reçoit rien, pas même une fleur que sa main aurait touchée, et, à peine débarquée en Angleterre, elle écrit à Madame mère. Elle lui donne des nouvelles du captif, elle l’assure que le