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SAINTE-HÉLÈNE

rêter les caricatures, vu que le silence est préférable à la satire, si mordante soit-elle, mais on peut presque croire qu’elle n’avait point eu à intervenir ; dès que le public demandait des renseignements sur Sainte-Hélène, les compilateurs lui fournissaient ceux qu’ils avaient trouvés dans des livres qui, n’ayant point été composés à dessein, devaient être pris pour véridiques.

Le Gouvernement anglais n’était guère mieux informé que le public, car, sauf quelques officiers du génie envoyés pour organiser un système de fortifications, il n’entretenait point à Sainte-Hélène, colonie de la Compagnie des Indes, d’agents capables de le renseigner. Les officiers qui avaient averti Bory de Saint-Vincent avaient dû faire leurs rapports, mais ne leur avait-on pas demandé du technique et non du pittoresque ? D’ailleurs, rien n’est tenace comme une légende et les ministres, sans doute, s’en tenaient à la légende.

Aussi bien cette légende n’était point entièrement fausse ; il est à Sainte-Hélène des coins de verdure sous les montagnes pelées et arides ; il est des plateaux où prospèrent les arbres de la zone tempérée, aussi bien que ceux des tropiques ; des jardins où mûrissent les légumes d’Europe en même temps que les fruits d’Amérique ; à la vérité, ces coins bénis ne sont pas nombreux et si, dans certaines anfractuosités du rocher où ne pénètre pas la brise de mer, la chaleur est excessive, au moins y a-t-il de l’ombre, des eaux jaillissantes et