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SAINTE-HÉLÈNE

et le brun qu’au XVIIIe. Ce qui est pour beaucoup un objet de dégoût et d’horreur ; ce qui est, pour le savant, l’habituel propagateur des grandes épidémies, provoque le rire des sots ; qu’il y ait des rats à Sainte-Hélène, qu’importe ? Sans être un danger pour la vie de Bonaparte, c’est un ridicule. Vraisemblablement par les matelots anglais qui seuls, depuis vingt ans, ont relâché à Sainte-Hélène, cette notion s’est extraordinairement répandue en Angleterre. Tout Anglais sait qu’il y a des rats à Sainte-Hélène, Napoléon va dans l’île aux rats ; il y est déporté et c’est très drôle. Quelle veine pour les faiseurs de caricatures ! D’Angleterre les images arrivent au continent où on les contrefait et on les copie. Voici l’Empereur au milieu de ses nouveaux sujets : il leur propose un Acte additionnel ; il entre triomphalement dans ses États ; il fuit devant ses sujets révoltés ; il les combat, monté sur un bouc ou sur un chat ; il a des rats pour valets de chambre et pour courtisans ; il en fait manœuvrer une armée ; nouveau Robinson, il les apprivoise et les dresse ; lui-même est devenu rat et, pris au piège, il prononce un discours. On trouve de cette sorte, tant en Angleterre qu’en France et en Allemagne, une trentaine de composition qui obtiennent un tel succès que certaines sont reproduites dans les trois pays. Tant est populaire cette réputation de Sainte-Hélène que, lors du départ de l’Empereur, des avis manuscrits répandus à Chester et aux environs annoncèrent