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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

Voyage aux îles d’Afrique que Bory de Saint-Vincent fut placé, en 1815, par la clémence du roi, sur la deuxième liste des proscrits — ceux dont on ne réclame pas encore la tête, mais qui sont exilés à perpétuité ?

Bory de Saint-Vincent ne saurait compter pour Malte-Brun, mais voici que J. Cohen, ancien censeur royal, publie un extrait du livre de Brooke par quoi l’on sort des descriptions enthousiastes. À la vérité, de cet ouvrage déjà singulièrement optimiste, Cohen atténue les termes, et même les chiffres. Ainsi, Brooke fournit un tableau des prix maximum et minimum des objets de consommation usuelle. Cohen ne cite que quelques articles et le prix le plus bas. Ici toutefois on approche des réalités, mais c’est par un livre relativement cher, qui échappe au populaire, tandis que les Descriptions se vendent quelques sous ; elles se rencontrent encore par centaines, usées, dirait-on, par les mains calleuses qui en ont tourné les feuillets salis, et par là, comme sanctifiés.

Ce que concèdent les pessimistes, c’est qu’il y a des rats, quantité de rats ; mais ce n’est là, aux yeux du populaire, ni un supplice, ni un danger, tout au plus une incommodité. Il s’attache à cette vermine une sorte de prestige comique qu’atteste l’infinité des proverbes ou des locutions où l’on en fait entrer le nom. Peut-être n’est-il pas noble d’en parler, le rat ayant été inconnu des anciens et n’étant arrivé en Europe, le noir qu’au XIVe siècle