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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Le projet de l’Empereur semble être de passer aux États-Unis. Sachant que deux frégates, la Saale et la Méduse, étaient à Rochefort prêtes à prendre la mer, il avait, dès le 23 au soir, envoyé le Grand maréchal Bertrand demander au ministre de la Marine qu’on les mît à sa disposition. Decrès n’aspirait qu’à servir l’Empereur ; il avait écrit aussitôt au préfet maritime, M. de Bonnefoux, annonçant la prochaine arrivée d’un ministre de France aux États-Unis qui devait, avec une suite de vingt personnes, embarquer sur les deux frégates : « Ne ménagez rien, ajoutait-il de sa main, pour que la table soit très abondante et très honorable… Terminez tout cela promptement et avec l’intelligence qui vous est particulière, mais surtout avec le plus grand secret. »

Le 24, en même temps qu’il avait insisté pour les frégates auprès de Decrès, lequel ne pouvait rien décider sans prendre les ordres de la Commission provisoire — c’est-à-dire de Fouché, — Bertrand avait réclamé de l’administrateur du Mobilier de la Couronne, le baron Desmazis, « de quoi meubler une maison de ville et une maison de campagne et quelques officiers » ; et il était entré dans le plus minutieux détail, précisant les meubles qu’il fallait pour deux salons, huit chambres de maître à la ville, deux appartements de maître et plusieurs appartements de suite à la campagne ; il avait demandé que ces objets fussent emballés au garde-meuble et ne fussent envoyés