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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

depuis l’occupation anglaise ; il y avait personnellement résidé quinze années, il avait rempli les fonctions de secrétaire public et ainsi avait eu accès à tous les dépôts d’archives ; mais, sauf l’introduction descriptive, singulièrement optimiste, l’ouvrage de Brooke était uniquement historique ; on y trouvait détaillé jusqu’au moindre accident dans l’administration, et ce récit était singulièrement fastidieux et plat : d’ailleurs, aucun exemplaire n’en avait, à ce qu’il semble, traversé la Manche et, en Angleterre, on ne paraissait guère mieux renseigné qu’en France.

En 1815, l’opinion générale sur Sainte-Hélène restait telle que l’avaient formée les manuels et les dictionnaires. Les descriptions à l’infini qu’on publia pour satisfaire la curiosité publique à l’annonce de la déportation de Napoléon — descriptions que propagea la police ou que répandit la spéculation — ne firent que reproduire ces notions datant de deux cents ans pour le moins. Et voici quelles : « Quoique cette île ne paraisse être de tous côtés qu’un amas de rochers volcaniques et stériles dont les moins élevés ont huit cents pieds de hauteur, les montagnes qui s’élèvent au milieu de cette enceinte escarpée sont couvertes d’une excellente terre végétale d’un pied et demi de profondeur, qui produit naturellement toutes sortes d’herbes, de racines et d’arbustes… Des grandes forêts d’arbres d’ébène, de bois de rose et d’aloès s’élèvent sur le penchant des monts… Les forêts