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SAINTE-HÉLÈNE

coup de vent qui l’obligea d’y rentrer. C’était le commencement des faiblesses et des indécisions de l’amiral Villeneuve ; on renonça donc alors à Surinam comme à Sainte-Hélène. Aussi bien n’avait-on, semble-t-il, que les renseignements de l’homme de Givet, un Anglais ; car, à Givet, étaient internés nombre des Anglais arrêtés à la rupture de la paix d’Amiens.

Pour avoir échoué cette fois, Napoléon ne perd point de vue son dessein. Au début de l’an XIV, lorsqu’il lance, contre le commerce anglais, la croisière-brûlot de Willaumez, « croisière bizarre et incalculable », comme il dit, il ordonne que, du Cap, l’escadre se dirige sur Sainte-Hélène et s’établisse pour deux mois au vent de cette île « très haute et très saine » ; la croisière échoue misérablement, et l’escadre, dont fait partie le Vétéran commandé par Jérôme Bonaparte, ne parvient pas même à reconnaître le pic de Diane.

Malgré « l’homme de Givet », Napoléon n’était vraisemblablement pas mieux informé que ses contemporains du climat, de la faune, de la flore, de la population de Sainte-Hélène et, en vérité, l’on n’avait guère de moyens pour s’en mieux instruire. Le Dictionnaire géographique portatif le plus répandu, celui de Vosgien, chanoine de Vaucouleurs, « traduit sur la treizième édition anglaise de Laurent Eckard », en donnait cette description : « Les montagnes qui se découvrent à vingt-cinq lieues en mer sont couvertes la plupart de verdure et de