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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

dame mère. Leur fortune était assez notable, et ils étaient loin d’être dénués de moyens, Cipriani ayant des fonds considérables placés à Gênes.

Près de lui, à un rang très inférieur, un autre Corse, Giovan-Natale Santini, vingt-cinq à vingt-six ans, tirailleur corse jusqu’en 1812; depuis lors, employé comme estafette au Grand quartier général. En 1814, il avait volontairement suivi l’Empereur à l’île d’Elbe où, pour l’occuper, on l’avait nommé garde du portefeuille et huissier. Maintenant, on ne savait trop que faire de lui, mais Napoléon n’avait point pensé à le remplacer par quelque autre qui pût se rendre utile : il était Corse.

Le service personnel de l’Empereur était assuré par son premier valet de chambre, Louis Marchand, qui, tout jeune, avait fait ses preuves d’intelligence, de dévouement et de discrétion. Il était entré dans la Maison en 1811, à l’âge de dix-neuf ans, dans une fournée de garçons d’appartement recrutés dans la petite bourgeoisie, ayant reçu une certaine instruction et présentant de sérieuses garanties morales. Sa mère était berceuse du Roi de Rome et se montrait parfaitement dévouée. Cette année 1811, Marchand suivit l’Empereur dans le voyage de Hollande. En 1812, il devait tirer au sort, et Mme de Montesquiou, gouvernante des Enfants de France, avait sollicité de l’Empereur qu’il l’exemptât du service militaire ; Napoléon refusa, mais, de sa cassette, il paya un remplaçant. Pourtant, il ne connaissait point cet humble figurant, qui fut du