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LES SERVITEURS. — CIPRIANI

ce personnage si intéressant, si mystérieux et si peu connu. Cipriani semble avoir été employé, en 1808, à pratiquer les Corses à la solde anglaise qui formaient, avec un bataillon maltais, la garnison de l’île de Capri, et cette intrigue ne nuisit point à l’escalade du rocher. On a dit qu’en 1814, ayant rejoint l’empereur à l’île d’Elbe, il eut mission de se rendre à Vienne et d’y recueillir des informations ; que ce fut lui qui avertit l’Empereur du plan que les Alliés avaient formé de le transporter dans une île des mers africaines. Cipriani ne figure point sur les registres de la Maison impériale antérieurement aux Cent-Jours, où il y est qualifié maître d’hôtel ; comme tel son service pouvait avoir des lacunes, mais ce ne fut point là son emploi principal à Sainte-Hélène, et l’on peut bien penser qu’il ne l’avait pas été davantage à Paris. Il fut chargé de prendre des informations, d’obtenir des nouvelles, et lui seul — ou presque — constitua le service des renseignements. L’Empereur avait en lui une confiance entière et il le lui témoignait de façon à provoquer la jalousie de certains de ses compagnons : « Il nous donnerait tous pour Cipriani », dit Gourgaud. Sans doute, ce Corse avait avec les Bonaparte une liaison ancienne, une de ces liaisons familiales, à la romaine, où le client se trouve agrégé pour jamais à la maison, ainsi que sa femme et ses enfants. La femme de Cipriani, Adélaïde Chamant, était à Rome avec ses enfants : son fils chez le cardinal Fesch, sa fille chez Ma-