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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

le chef, si l’on peut dire, était un certain abbé Antonio Buonavita, âgé de soixante-cinq ans, natif de Pietralba, anciennement curé en Espagne et au Paraguay, protonotaire apostolique à présent, que Madame avait trouvé à Rome, lors de son séjour en 1814, et qu’elle avait emmené comme aumônier à l’île d’Elbe et à Paris. C’était un fort saint homme assurément, qui, après avoir quitté Madame, avait été recueilli par la princesse Pauline ; mais, outre que son intelligence avait toujours été médiocre et qu’il ne parlait que l’italien et l’espagnol, il avait subi récemment deux attaques d’apoplexie qui lui avaient laissé un continuel tremblement, et « parfois il ne pouvait pas s’exprimer ». Il faut reconnaître que, d’abord, Fesch avait pensé à un abbé Parigi, dont l’archevêque de Florence avait dénoncé l’immoralité et auquel « le Saint-Père ordonna qu’on retirât les pouvoirs dont il avait été revêtu sur la demande du cardinal Fesch ». M. le duc de Blacas n’avait pas nui à cette exclusion, tandis « qu’il ne fit aucune démarche pour empêcher qu’on conférât à Buonavita — qu’il tenait pour octogénaire — les pouvoirs nécessaires ». Vu son âge et son infirmité, Fesch lui adjoignit un prêtre plus jeune, Ange-Paul-Vignali, né en 1789, à Bilinchi, canton de Morsaglia, lequel avait, semble-t-il, passé par le séminaire de Saint-Sulpice, et, après avoir terminé à Rome ses études théologiques, aurait fait des études de médecine ; il aurait passé quelque temps à l’île d’Elbe durant que l’Empereur s’y