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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

les Bourbons ne lui eussent point tenu rigueur ; mais quelle gloire il s’assure, et, à rendre son nom inséparable de celui du Héros, ne serait-il point déjà payé par-dessus ses mérites ? Et si la vanité d’homme de lettres qu’on a vue paraître à propos de l’atlas de Le Sage allait trouver à s’exercer en quelque journal de la vie de l’empereur, en quelque récit où se trouveraient rapportées les explications que donnerait celui-ci des principaux actes de sa vie, les justifications qu’il invoquerait des crimes dont on le charge ; bref, si M. de Las Cases s’instituait le porte-paroles de Napoléon, l’interprète autorisé de son verbe, alors ce ne seraient plus pour l’Angleterre les vingt mille exemplaires de l’atlas, mais des millions et des millions de volumes qui, dans toutes les langues, jusqu’à la consommation des âges, porteraient aux extrémités du monde le nom de Las Cases uni au nom de Napoléon. Cela n’était point si mal raisonné, et M. de Las Cases est tombé juste.

Outre qu’il était instruit de quantité de choses qu’ignoraient ses compagnons ; qu’il offrait à l’Empereur un interlocuteur nouveau, avide de l’entendre, heureux de l’écouter, fier de relater ses paroles et de paraître en scène aux côtés d’un si glorieux compagnon ; outre qu’il avait été marin, ce qui, pour un voyage au long cours, le rendait intéressant ; qu’il avait vu se dérouler bien des événements et d’un côté opposé à celui d’où l’Empereur les avait pu juger ; qu’il appartenait seul à