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LE COMTE DE LAS CASES

vint d’Angleterre en Bretagne la retrouver et faire bénir leur union par un prêtre insermenté. Il ne renouvela son mariage dans les formes légales qu’en 1808.

Las Cases emportait dans sa malle un uniforme de capitaine de vaisseau, qu’il revêtit pour paraître sur le Bellerophon, et il demanda alors à l’Empereur à se décorer de la Légion d’honneur ; cela doit être remarqué, car les mobiles qui déterminèrent Las Cases à s’attacher à Napoléon demeurent obscurs. Il n’obéissait point à un devoir étroit comme Bertrand ; il ne cherchait pas, comme Montholon ou comme Gourgaud, l’occasion de rétablir sa fortune ou d’échapper à une proscription probable ; il n’était point si jeune, à cinquante ans, que l’enthousiasme l’emportât à des actes irréfléchis, et il savait fort bien régler sa conduite ; il avait à peine approché l’Empereur durant son règne. « De tous ceux qui l’avaient suivi, a-t-il écrit, j’étais celui qui le connaissait le moins. » Qu’était-ce donc ? Le caractère de Las Cases ne ressort-il pas de sa carrière antérieure, et, de là, ne peut-on essayer une explication ? Sans doute, M. de Las Cases est convaincu que l’Empereur est un grand homme et, peut-être le plus grand des hommes ; sûrement il a voulu dévouer sa vie à partager l’infortune de ce grand homme ; il n’entend tirer de ce sacrifice aucun avantage pécuniaire ni matériel ; c’est volontairement qu’il s’est présenté, et, malgré qu’il eût servi aux Cent-Jours,