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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

faveur de Gourgaud, jusqu’à présent Sa Majesté s’est refusée à faire aucune nomination et elle les a ajournées indéfiniment. »

Cet ajournement était d’autant plus grave pour Gourgaud qu’il avait en vue, à ce moment, un mariage inespéré. Sans doute la personne qu’il recherchait n’était pas bien jeune ni belle, à en croire son père lui-même ; mais elle avait de la fortune, était destinée à en avoir davantage et elle était la fille d’un des premiers personnages de l’Empire : le sénateur comte Rœderer. À la vérité, Mme Rœderer, née Guaita, ayant divorcé et s’étant remariée au général Poissonnier-Desperrières, Mlle Marthe Rœderer vivait avec sa mère et, si celle-ci paraissait favorable, le sénateur, de qui tout dépendait, ne paraissait nullement disposé à donner son consentement. Mais Gourgaud n’arriverait-il pas à vaincre ses répugnances s’il se présentait en officier d’ordonnance de Sa Majesté ? Il fut nommé le 3 juillet 1811 en même temps que Christin, Taintignies, Galz-Malvirade et Lauriston. La proposition qui le concernait était des plus flatteuses : « A de l’instruction et des talents, a bien fait la guerre, est en état de bien observer et de bien rendre ce qu’il a vu ; sait bien dessiner ; parle espagnol et allemand. »

L’uniforme bleu clair à broderies d’argent, si seyant qu’il fût, n’eut point raison encore des préjugés de M. Rœderer. « On ne peut me dire, écrivait-il, ni qui est le père, ni qui est la mère, ni qui