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LE COMTE DE MONTHOLON

grâces par les Bourbons, il avait rejoint l’Empereur et s’était attaché à son service ; il pouvait donc dire, peut-être croire, qu’il serait proscrit ; socialement, il était dans la position la plus fâcheuse, plus qu’embarrassé d’argent, brouillé avec sa famille, écarté de la Cour et même de la Ville. À suivre l’Empereur, à le suivre avec sa femme et l’aîné de ses fils, il avait tout à gagner, rien à perdre, même dans l’hypothèse qu’il n’eût pas dès lors envisagé l’une des combinaisons qui ouvraient constamment à son esprit la spéculation des fortunes imaginaires.

Tel est, uniquement d’après ses lettres et les biographies qu’il s’est consacrées mises en regard des documents officiels, l’homme destiné à jouer auprès de Napoléon le rôle prépondérant et à se rendre le maître en la maison de l’Empereur. Rien de ce qui s’y est passé n’est compréhensible si l’on n’a pénétré un caractère que mettrait bien mieux en lumière la succession des événements postérieurs à 1821 auxquels il prit une part mal étudiée jusqu’ici. Mais les traits qu’on a rapportés suffisent à former une opinion au moins sur M. de Montholon.

Il est moins aisé d’être fixé sur Mme de Montholon : qu’elle fût coquette, intrigante, habile, experte en louanges et toujours prête ; qu’elle fût décidée à faire place nette et à écarter quiconque contrarierait les ambitions de son ménage, c’est ce qu’on voit dès le premier jour ; mais qu’elle joigne