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LE COMTE DE MONTHOLON

par manière de compensation, il fut nommé par le roi ambassadeur à la Porte. La République lui conserva cette place, ce qui prouve ses talents, et il s’embarqua avec tous les siens sur une frégate de la nation, la Junon, qui devait le conduire à son poste. On sait que, pour attendre des renseignements sur les intentions du Divan, Sémonville relâcha à Ajaccio, où il joua un rôle politique, rattachant à lui les membres fort désemparés du parti français, et en particulier les Bonaparte, qui essayèrent de lui être utiles lorsqu’il fut dénoncé sur une pièce compromettante trouvée aux Tuileries. Il était entré dès lors en relations avec Joseph et avec Napoléon, surtout avec le jeune Lucien, qui, lors de son retour en France, l’accompagna comme secrétaire-interprète, à moins que ce ne fût comme délégué de la Société populaire d’Ajaccio, et multiplia, dans les clubs de Toulon et de Marseille, les motions en sa faveur. Ce garçon de dix-huit ans qui, pour son début oratoire, faisait proscrire tous les siens et séparait la Corse de la France, ne fut pas au moins sans servir puissamment son patron.

Charles-Tristan de Montholon a dit que, durant ce séjour à Ajaccio, il fut logé chez Mme Bonaparte qui fut pleine de bontés pour lui, que Napoléon lui apprit les mathématiques et Lucien le latin ; mais il a dit tant de choses[1].

  1. Entre autres, qu’alors, à neuf ans, il était élève de marine ; qu’il avait pris part à l’expédition de Sardaigne, qu’il y avait été