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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

âgé de cinq ans ; Louis-Désiré, qui en avait trois, et deux filles : Marie, de onze ans, et Félicité-Françoise, de huit. La veuve se remaria, deux ans plus tard, à M. Huguet de Montaran de Sémonville, qui, pour lors, était conseiller au Parlement, mais qui, durant sa très longue vie, toucha à toutes choses de la politique et des affaires, et qui réussit merveilleusement, par une intrigue constamment active, à se tenir en équilibre dans des places d’importance. Il s’occupa, avec un dévouement quasi paternel, des enfants de sa femme, mariant Marie au comte de Sparre ; Félicité, d’abord au général Joubert, puis au général Macdonald, adoptant les deux garçons, dont l’aîné, Charles-Tristan, avait, dit-il et ici on peut le croire, obtenu à cinq ans la survivance de la charge de premier veneur de Monsieur, la finance en étant réservée.

M. Huguet de Sémonville avait réclamé, en plein Parlement, la convocation des États Généraux, mais il n’y fut point élu ; il se consacra pourtant à en suivre les séances et servit, dit-on, d’intermédiaire en diverses de ces négociations que le régime parlementaire rend opportunes, où la corruption est le principal mobile et qui profitent surtout à ceux qui les mènent. La Cour sentit le besoin de s’attacher un homme aussi remarquable, et M. de Sémonville, envoyé comme ministre, d’abord à Bruxelles, puis à Gênes, emmena chaque fois sa nombreuse famille. À Turin, où il avait été nommé, on ne voulut point reconnaître son caractère, et,