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LA COMTESSE BERTRAND

munie de tous les passeports exigés. Enceinte de huit mois, elle voyageait avec son beau-frère, ses enfants, un domestique et une femme de chambre. À Bourges, le 13 juillet, au moment même où les chevaux étaient mis, le baron Didelot, préfet du Cher, assisté de son secrétaire général, intervint. Un officier de paix, « sûr et intelligent », tout exprès arrivé de Paris, monta dans la voiture. « La voiture fut fouillée, toutes les malles, coffres et boîtes furent visités avec le soin le plus scrupuleux. » On n’y trouva aucun papier. Certains dénonciateurs, gens du monde bien pensants, avaient annoncé que la comtesse emportait deux cent cinquante lettres. On en découvrit douze, bien comptées, toutes insignifiantes, dans son écritoire et dans le portefeuille de son beau-frère. « Mme Bertand, écrit le policier, parut surprise et affectée de cette saisie, qui était commandée par les circonstances… Elle montra d’autant plus de mécontentement que, selon elle, le roi savait que son mari devait rentrer en France au mois d’avril prochain. »

Ainsi elle n’entend point sacrifier sa vie au roi de l’île d’Elbe et compte que, moyennant une année de séjour, elle libérera leur reconnaissance. D’ailleurs, cette femme si bien née ne saurait se plier à ce qui est l’essentiel de la vie de cour, l’exactitude. Elle pousse la méconnaissance des heures à un degré rare, même pour une femme, et, à l’île d’Elbe, cela devient un objet de que-