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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

sa famille, sa mère, l’ancienne rivale de Joséphine, délicieuse encore avec ses cinquante-trois ans, mais éprouvant, à mastiquer des bouts de bougie, une joie surprenante ; puis ses deux enfants, ses neveux, Fitz-James, fille et garçon, un domestique immense et tous les raffinements du luxe parisien. On ne sortait qu’à six chevaux, les voitures menées à la d’Aumont ; la table était plus soignée qu’aux Tuileries ; les bals étaient merveilleux ; on y tirait en loterie les modes les plus nouvelles, apportées de Paris par courrier spécial et disposées gracieusement entre les colonnes d’un temple de l’Amour érigé dans la grand’salle. Mme Bertrand mettait tout en train, et, pour entreprendre les excursions de curiosité et de plaisir comme les voyages les plus fatigants et les plus périlleux, ne s’inquiétait point qu’elle fût enceinte ou non. Aussi prenait-elle comme une habitude des fausses couches. Il n’en était avec elle ni plus ni moins, et elle ne s’arrêtait presque pas. On a prétendu que nulle femme n’avait porté l’inexactitude au point où elle l’avait poussée ; elle en avait la passion, la manie plutôt ou la maladie ; mais, en Illyrie, c’était jeu de princesse ! Qu’elle se plût dans ces splendeurs et qu’elle aimât s’y faire voir, point de doute. Elle envoie à ses parents de la Martinique la miniature de son mari en grand uniforme et la sienne « très plaisante, en velours vert avec des ornements d’or et un col monté, non autour du cou, mais autour de la robe. » Et cette miniature, passant par l’Angleterre, où