Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

« Assez, Fanny », dit sèchement l’Empereur ; et il sortit de la chambre.

Pour classique qu’elle était, cette réminiscence de la fable : Le Singe et le Léopard n’était guère opportune. Si l’Empereur passait beaucoup à ces petites parentes de Joséphine, dont les saillies, l’entrain et la gaieté le distrayaient à condition qu’il fût de bonne humeur, l’épigramme ici, contre un des généraux de son intimité, sentait l’émigré et offensait le système. Que serait-ce si on tournait en risée les noms qui n’étaient point de noblesse ? Aussi bien Joséphine se chargea de ramener à des sentiments moins altiers la descendante des Dillon. Elle lui parla des grandes places qu’aurait son mari et du titre ducal sous lequel l’Empereur ne manquerait point de celer le nom qui paraissait fâcheux. Bref, sans trop de peine, elle convainquit cette Fanny, qui appréciait peu le charme d’être fille et de demeurer la commensale de Mme de Boigne. Le mariage eut lieu à Saint-Leu, chez la reine Hortense, et tout y fut à merveille.

Ensuite, Fanny se trouva fort bien du mari qui était tout à ses ordres et aux ordres de sa mère, de son frère et de tous les siens ; mieux encore de la grande vie, de l’hôtel rue Neuve-du-Luxembourg, n° 14 ; des voyages dans les résidences, des toilettes raffinées qu’elle prenait chez Leroy et qui seyaient à son élégance blonde, à la longueur aristocratique de son corps, à son col très long