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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Lord Keith que « le voyage de Saint-Hélène n’entrait pas dans ses calculs et qu’il ne lui était pas permis de disposer de lui à ce point-là ». Mais, en même temps, tremblait-il à la pensée que les Anglais pouvaient le livrer à Louis XVIII, et, du Bellerophon même, de sa cabine proche de celle de l’Empereur, écrivait-il lettre sur lettre, aussi bien aux gens qu’il connaissait qu’à quantité qu’il ne connaissait pas : Baring, Laffite, les Polignac, les parents de Madame la duchesse de Rovigo qui, née Faudoas-Barbazan, était alliée à ce qui était le mieux dans la nouvelle cour ; il appelait à l’aide ses anciens camarades ralliés aux Bourbons, auxquels on n’avait garde de reprocher leurs peccadilles révolutionnaires ; il suppliait tout le monde : « On me persuade ici, écrivait-il à Laffite, que je dois être transféré en France ; je me refuse à le croire, parce que ce serait m’assassiner sans motif ni de justice, ni d’utilité… Vous savez bien… » Que savait donc si bien Laffite, l’escompteur de tant de spéculations suspectes ?

Ces deux que les Anglais avaient exclus eussent pu être d’utilité pour l’Empereur, parce qu’il les connaissait ; pour tous les autres qui se trouvaient écartés, il les avait vus à peine. Planat et Résigny avaient été, avant 1815, aides de camp des généraux Drouot et Lebrun, et, par suite, ils avaient fait en campagne un service analogue à celui des officiers d’ordonnance. En 1815, ils avaient été nommés officiers d’ordonnance, mais ils avaient été