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SAVARY ET LALLEMAND EXCLUS

Avouer la promesse faite à Savary et à Lallemand, et y donner la suite convenable, rendra plus vraisemblable que Maitland n’ait rien dit de l’Empereur. Pour celui-ci, Las Cases a affirmé, Maitland nia. Peu importe. Avec Savary et Lallemand, un tel scrupule pouvait se lever et le gouvernement britannique, après quelques mois de prison à Malte, rendrait aux deux généraux et aux officiers qui les avaient accompagnés une précaire liberté ; mais, contre Napoléon, qui donc, dans le ministère, n’eût pris le faux serment sur sa conscience ?

Lallemand eût pu être, dans la captivité, de quelque utilité à l’Empereur, auquel il s’était dévoué depuis Vendémiaire an IV ; sans doute ses origines et son éducation ne l’avaient point préparé à figurer dans une cour, mais il fut de ceux — combien rares ! — qui, jusqu’à la fin, demeurèrent fidèles. Savary, on n’en saurait douter, eût été un compagnon désirable, car il ne manquait point d’esprit, ni d’éducation ; il était de famille militaire et avait reçu une éducation libérale ; depuis Marengo, il était attaché à la personne de Napoléon, qui l’avait comblé de grades, de titres et de dignités ; dès 1812, sa fidélité était suspecte, et en 1815, on ne pouvait conserver d’illusions sur son dévouement. S’il suivit l’Empereur à bord du Bellerophon c’est qu’il redoutait la haine de Fouché et la proscription ; il n’avait aucune idée de l’accompagner plus loin. Avant même qu’il eût appris qu’il était exclu par les Anglais, il avait écrit à