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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Dès le 24 juillet, ceux-ci avaient été, par les Bourbons, portés sur la première liste de proscription, celle « des traîtres devant être traduits devant les conseils de guerre compétents dans leurs divisions militaires respectives » : cela d’accord avec les Anglais qui, le même jour 24 juillet, avaient signifié que « ces deux flagrants criminels », comme écrit Lord Castlereagh, ne pourraient échapper à la vindicte royale en accompagnant Buonaparte. « Nous l’avons fait, écrira Lord Bathurst le 25 août, sous l’impression que nous devrions, si, nous le trouvions opportun, les livrer au gouvernement français. » Le trouvera-t-on opportun ? À la façon dont on le traite, l’Empereur doit tout craindre pour eux ; mais l’essentiel n’est-il pas rempli dès que Napoléon est sur la voie de sa prison ? Désormais, vis-à-vis de personnages sans importance, le gouvernement britannique pourra revendiquer sa réputation d’hospitalité. Avec l’énergie d’hommes qui savent que, si on les livre, l’échafaud les attend, Savary et Lallemand affirmeront qu’ils ne sont venus à bord du Bellerophon que sur la promesse formelle du commandant qu’ils trouveraient, sous le pavillon anglais, un asile inviolable. Poussé à bout et adjuré sur l’honneur de dire la vérité, Maitland écrira à Lord Melville une lettre qui donnera trop de fondement à cette déclaration, quoique ne la confirmant pas expressément, pour qu’il fût grave de protester ainsi la parole du commandant du Bellerophon.