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au salut. Dernière réflexion qui n’est encore que la preuve et l’éclaircissement des précédentes.


TROISIÈME PARTIE.

Quels sont les engagements de la vocation sainte à laquelle nous avons été tous appelés ? Les promesses solennelles du baptême. Qu’avons-nous promis au baptême ? De renoncer au monde, à la chair, à Satan et à ses œuvres ; voilà nos vœux, voilà l’état du chrétien, voilà les conditions essentielles du traité saint conclu entre Dieu et nous, par lequel la vie éternelle nous a été promise. Ces vérités paraissent familières, destinées au simple peuple, mais c’est un abus : il n’en est pas de plus sublimes, et il n’en est pas aussi de plus ignorées : c’est à la cour des rois, c’est aux grands de la terre qu’il faut sans cesse les annoncer : Regibus et principibus terrœ. Hélas ! ils sont des enfants de lumière pour les affaires du siècle, et les premiers principes de la morale chrétienne leur sont quelquefois plus inconnus qu’aux âmes simples et vulgaires : ils auraient besoin de lait, et ils exigent de nous une nourriture solide, et que nous parlions le langage de la sagesse, comme si nous parlions parmi les parfaits.

Vous avez donc premièrement renoncé au monde dans votre baptême : c’est une promesse que vous avez faite à Dieu à la face des autels saints ; l’Église en a été le garant et la dépositaire ; et vous n’avez été admis au nombre des fidèles, et marqué du sceau ineffaçable du salut, que sur la foi que vous avez jurée au Seigneur de n’aimer ni le monde ni tout ce que le monde aime. Si vous eussiez répondu alors sur les fonts sacrés ce que vous dites tous les jours, que vous ne trouvez pas le monde si noir et si pernicieux que nous le disons ; qu’au fond on peut l’aimer innocemment ; qu’on ne le décrit tant dans la chaire que parce qu’on ne le connaît pas, et que puisque vous avez à vivre dans le monde, vous voulez vivre comme le monde ; si vous eussiez ainsi répondu, ah ! l’Église eût refusé de vous recevoir dans son sein, de vous