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captifs, que les tourments nous arrachent plutôt l’âme du corps que la prière de la bouche, et Jésus du cœur ! Souvenons-nous que nos douleurs finiront bientôt, et que la récompense sera éternelle. C’est pour défendre la foi de nos femmes et de nos enfants contre nos ennemis, que nous nous sommes exposés aux maux que nous souffrons, à l’exemple de Jésus, qui s’offrit à la mort pour délivrer les hommes de la puissance de Satan, leur ennemi ; ayons confiance en lui ; ne cessons point de l’invoquer ; il nous donnera sans doute du courage pour supporter nos peines. Nous abandonnerait-il au temps où il voit que nous lui sommes devenus plus semblables, lui qui ne refuse jamais son assistance aux plus contraires à sa doctrine, quand ils ont recours à lui avec confiance ? » Cette courte exhortation eut un tel pouvoir sur l’esprit de ces pauvres patients qu’ils promirent tous de prier jusqu’au dernier soupir. Et, de fait, le Huron échappé huit jours après des mains des Iroquois, a assuré que jusqu’à ce temps-là, ils ont prié Dieu tous les jours, et qu’ils s’exhortaient l’un l’autre à le faire toutes les fois qu’ils se rencontraient.

Jusqu’ici est la déposition du Huron qui s’est sauvé, sans quoi l’on ne saurait rien de cette sanglante tragédie. Il y a sujet d’espérer qu’il s’en sauvera encore quelque autre qui nous dira le reste. Ce Huron qui se nomme Louis, et qui est un excellent chrétien, était réservé pour être brûlé dans le pays ennemi, et pour cela il était gardé si exactement qu’il était lié à un Iroquois, tant on avait peur de le perdre, aussi bien qu’un autre Huron qui courait le même sort. Ils ont invoqué Dieu et la sainte Vierge avec tant de ferveur et de confiance qu’ils se sont échappés comme miraculeusement, vivant en chemin de limon et d’herbe, et courant sans respirer jusqu’à Montréal. Louis m’a raconté à notre parloir sa grande confiance à la sainte Vierge, et que comme il était lié à l’Iroquois endormi, un de ses liens se rompit de lui-même, et qu’étant ainsi demi-libre, il rompit doucement les autres et se mit entièrement en liberté. Il traversa toute