Il me tardait de lire les noms des auteurs. Ceux-ci ne devaient figurer qu’à l’annonce de la seconde représentation.
Nous servions de lever de rideau au grand succès du moment, le Voyage en Chine, de Labiche et François Bazin.
Je fus un instant l’élève de ce dernier au Conservatoire. Ses savantes et brillantes pérégrinations au pays des Célestes n’avaient pas enlevé à son enseignement la forme dure et peu aimable dont je me rappelle avoir eu à souffrir avec lui, car je quittai son cours d’harmonie un mois après y être entré. J’allai dans la classe d’Henri Reber, de l’Institut. C’était un musicien exquis et délicat, de la race des maîtres du dix-huitième siècle. Sa musique en dégageait tout le parfum.
Par un beau vendredi d’avril, à sept heures et demie du soir, le rideau se leva à l’Opéra-Comique. Je me trouvais dans les coulisses auprès de mon cher ami, Jules Adenis. Mon cœur palpitait d’anxiété, saisi par ce mystère auquel j’allais pour la première fois me livrer corps et âme, comme à un Dieu inconnu, Cela me paraît aujourd’hui un peu exagéré ! un peu enfantin !
La pièce venait de commencer quand nous entendîmes un immense éclat de rire qui partait de la salle. « Écoutez, mon ami, comme nous marchons bien ! me dit Adenis : la salle s’amuse ! »