admiration et mon affectueuse reconnaissance envers
mon cher maître, une des gloires de l’art musical
français.
Il est peu d’images du passé qui me soient aussi chères que celle de mon maître Massenet dans sa classe, à l’ancien Conservatoire. Le lieu était le plus malgracieux qui se pût voir. On y accédait par un couloir étroit, dont le méandre recelait l’inévitable piège de deux marches obscures. La petite salle était nue, sans réserve. Devant un grand vieux piano, une chaise pour le maître, flanquée de deux escabeaux dont s’emparaient les doyens de la classe, les autres élèves debout pressés autour. Une crasse auguste engluait les formes et les couleurs ; et l’on ne savait pas ce qu’on respirait là-dedans : il semblait que, depuis Cherubini, personne n’eût ouvert les fenêtres, dont les vitres poudreuses tremblaient au vacarme du faubourg Poissonnière. La lumière, à l’entresol, était si chiche, qu’il y fallait, certains jours sombres, la chandelle. Mais, dès que M. Massenet avait levé sur nous son œil avide de vie, dès qu’il avait parlé ou mis sa main au clavier, tout s’éclairait, l’atmosphère vibrait d’espérances, de jeunes illusions, des plus vives impressions musicales. Son enseignement se bornait à examiner et à corriger nos travaux, à leur opposer et à commenter des modèles : les principes se déduisaient ainsi, au hasard de l’occasion, qui parfois menait loin. On peut concevoir plus de méthode ; mais,