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MES SOUVENIRS
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Je me souviens encore d’un directeur obligeant qui, sachant que, la veille d’une première, je manquais d’un ténor, m’en offrit un, en me prévenant ainsi : « Cet artiste connaît le rôle, mais je dois vous dire qu’il est toujours tombé au troisième acte ! »

Ce même théâtre me rappelle que j’y connus une basse qui avait une prétention étrange, plus étrangement exprimée encore : « Ma voix, disait notre basse, descend tellement qu’on ne peut pas trouver la note sur le piano !… »

Eh bien ! tous ces artistes amis furent de braves et vaillants artistes. Ils me rendirent service et eurent leurs années de succès.

Mais je m’aperçois que je m’attarde à vous parler de ces souvenirs d’antan. J’ai à vous entretenir, mes chers enfants, du nouvel ouvrage qui allait entrer en répétition à Monte-Carlo, je veux dire Thérèse.