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MES SOUVENIRS
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Plus de soixante représentations, non interrompues, matinées comprises, suivirent cette première. Les frères Isola, directeurs de la Gaîté, en donnèrent plus tard un grand nombre de représentations et, chose curieuse, pour un ouvrage si parisien d’allure, l’Italie, en particulier, fit à Cendrillon un très bel accueil. À Rome, cette œuvre lyrique fut jouée une trentaine de fois, chiffre rare ! De l’Amérique, un câblogramme m’arrive, dont voici le texte :

« Cendrillon hier, succès phénomenal. »

Le dernier mot, trop long, avait été coupé en deux par le bureau expéditeur !...

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Nous étions donc en 1900, aux instants mémorables de la Grande Exposition.

J’étais à peine remis de la belle émotion de la Terre promise, à Saint-Eustache, que je tombai gravement malade. L’on procédait alors, à l’Opéra, à des répétitions du Cid, qu’on allait bientôt reprendre. La centième eut lieu au mois d’octobre de cette même année.

Paris était tout en fête ! La capitale, un des lieux les plus fréquentés du monde, était mieux que cela, le monde lui-même, car tous les peuples s’y étaient donné rendez-vous. Toutes les nationalités s’y coudoyaient, toutes les langues s’y faisaient entendre, tous les costumes y contrastaient.

Si l’Exposition envoyait vers le ciel ses millions de notes joyeuses et ne devait pas manquer d’obtenir dans l’histoire une place d’honneur, le soir venu, cette foule immense accourait se reposer de ses émotions du jour dans les théâtres partout ouverts ; elle envahissait ce palais magnifique élevé par notre cher