nouvellement intronisé. Le grand salon où je fus introduit était précédé d’une longue antichambre. Ceux qui avaient été admis comme moi s’y trouvaient tous agenouillés sur un rang, de chaque côté de la salle. Le pape, de la main droite bénissant, dit quelques mots à différents fidèles. Son camérier lui ayant fait savoir qui j’étais et le motif de mon voyage à Rome, le Souverain Pontife ajouta à sa bénédiction des paroles d’heureux souhaits pour mon art.
À une dignité exceptionnelle, Léon XIII joignait une simplicité qui me rappela tout à fait celle de Pie IX.
À onze heures, ayant quitté le Vatican, je me rendis au palais du Quirinal. Le marquis de Villamarina devait me présenter à la reine Marguerite.
Nous avions traversé cinq ou six salons en enfilade ; dans celui où nous attendions, il y avait une vitrine entourée de crêpe, avec des souvenirs de Victor-Emmanuel, mort récemment. Entre deux fenêtres se trouvait un piano droit.
Le détail que je vais dire est presque une impression théâtrale.
J’avais remarqué qu’un huissier était à la porte de chacun des salons que j’avais traversés et j’entendais une voix très lointaine sortant évidemment du premier salon, annoncer à haute voix : La Regina (la Reine !), puis, plus rapprochée : La Regina ! en suite, plus près encore : La Regina ! après et plus fort : La Regina ! et enfin, dans le salon voisin, d’une voix éclatante : La Regina ! Et la reine parut dans le salon où nous étions.
Le marquis de Villamarina me présenta, salua la reine et sortit.