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MES SOUVENIRS
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Rossini, à Pesaro, connu par des mélodies pleines de gaieté et de brio et de nombreux opéras, dont les Masques (Tutti in maschera). Sa mort survint dans des circonstances tragiques. J’entends encore ce brave Pedrotti me répéter à tout instant : « Es-tou content ? Je le suis tant, moi ! »

Nous avions un ténor fameux à cette époque, il signor Fanselli. Il possédait une voix superbe, mais son geste habituel consistait à mettre en avant ses mains, toutes grandes ouvertes et les doigts écartés. Malgré que cette manie soit déplaisante, beaucoup d’autres artistes que j’ai connus usent de ce moyen pour donner l’expression, du moins ils le croient, alors qu’eux-mêmes ne ressentent absolument rien.

Ses mains ainsi ouvertes avaient fait surnommer ce remarquable ténor : Cinq et Cinq font dix ! (Cinque e cinque fanno dieci).

Au sujet d’une première représentation à ce théâtre, je citerai le baryton Mendioroz et la signorina Mecocci, qui en étaient.

Ces déplacements devenaient très fréquents ; c’est ainsi qu’Hartmann et moi, à peine rentrés à Paris, nous en repartions pour nous rendre à Rome, où Il Re di Lahore eut les honneurs d’une première représentation, le 21 mars 1879.

J’eus, comme interprètes, des artistes encore plus remarquables, ainsi le ténor Barbaccini et le baryton Kashmann, tous deux chanteurs de grand mérite, puis la signorina Mariani, admirable chanteuse et tragédienne, et sa plus jeune sœur, charmante également.

Le directeur de l’Apollo, M. Giacovacci, était un vieillard étrange, fort amusant, fort gai surtout lors-