Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 81 —
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

et c’est à peine si leurs narines qui palpitent ont trahi chez eux quelque émoi bestial.

C’est liesse dans la réserve !

Tout le jour s’est passé en préparatifs dont les squaws seules ont fait les frais. Des provisions ont été amoncelées en vue du festin, produit de chasses et de pêches copieuses. On a entassé tout le combustible nécessaire pour alimenter les feux qui cuiront ces. viandes et éclaireront ces palabres.

Les squaws ont fait de la coquetterie. Elles ont déposé, le long des wigwams, les naganes[1] où piaillent et piaulent les papous[2] bordés et sanglés de babiche[3] et de 8atap[4] à ne pouvoir remuer pieds ni pattes. Elles se sont adorné le col de lourds colliers et ont mis de l’huile dans leurs cheveux luisants et lissés. Elles ont les joues fardées de sang-dragon. De fantaisistes armilles de cuivre natif entourent leurs bras lavés dans du brou de noix longues. Bizarrement pimprelochées, ceintes de machicotés[5] passementés de rassade, elles vont, viennent, disparaissent et reviennent, gloussant, caquetant, picorant même de ci de là affairées et remuantes, indifférentes aux propos scurriles des hommes frais-matachés de vermillon et laurés de plumes neuves de butor et de huard.

On a désembarrassé l’endroit où, tantôt, l’on dansera en rond autour du totem ou poteau traditionnel, où le sked8a8asino jonglera avec des flèches. Chacun viendra, à tour de rôle, racon-

  1. sorte de hotte qu’endossent les squaws et qui peut également servir de moïse.
  2. nourrissons.
  3. lanières de peau.
  4. bandes d’écorce flexible.
  5. sorte de pagne ou jupon.