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Nous parlons, bien entendu, de cette civilisation intransigeante et factice qui prétend créer un idéal de vie physique différent de celui devisé par la loi de nature et adapté aux fonctions organiques de l’être humain. Car c’est vraisemblablement pour avoir tenté de se substituer à notre alme mère Nature, sans même avoir pris soin de ménager la transition, que la civilisation marâtre, a tué les peaux-rouges, nos frères utérins.

Précipitez pareil déséquilibre dans l’économie animale d’une race, accélérez ce procédé anormal et irrationnel pendant quelques générations et, fatalement, s’ensuivront la dégénérescence et l’extinction.

La nature a créé dans l’homme un organisme muni d’une intelligence ; la civilisation en a fait, suivant la formule classique, une intelligence servie par des organes. C’est la déification du « moi » auquel on prétendait subordonner toute la création pour en décalquer un type civilisé uniforme, sans même tenir compte des contingences tempéramentales, climatériques, etc.

C’était perturber inconsidérément, c’était fausser l’eurythmie cosmonomique. Or, comme tout s’équilibre, comme tout se compense, dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique, la réaction, le choc en retour devait fatalement se faire sentir. Ils ne se sont pas fait attendre. Bien optimiste qui n’admet pas la faillite à laquelle on a abouti !

La nature a fait l’homme roi de la création ; la civilisation l’a changé en despote, en tyran : son royaume, de paradis terrestre qu’il fut, finira en géhenne !

Avant Colomb, avant Pizarre, avant Cartier, des millions de sauvages ont régné sur ce continent ; ils étaient, eux aussi, les rois