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L’homme de médecine descend à reculons de son trépied, c’est-à-dire du rocher et rentre dans les rangs : son rôle a pris fin. Tamacoua fait entendre les habituels kouai ! kouai ! et, de nouveau, l’avant-garde s’ébranle suivie des Canadiens impatientés dont les chefs maugréent.

Parfois, la marche devient difficile. Le vent a balayé la neige et c’est une glace vive qui couvre le fleuve. Il faut alors enlever la raquette ou bien côtoyer la rive. Le temps devient haireux, la poudrerie aveuglante. Qu’importe, tout le monde est sur pieds, confiant, résolu. Le moral est bon. Quand le chef dit : Allons ! le soldat répond : Paré !

« Patience ! on se réchauffera à Guarfil », gouaille Hertel de Beaulac, le boute-en-train de la troupe.

Malgré l’hiver et la neige qu’il a amoncelée partout, le spectacle est superbe. On dépasse Skiné ou, tout au long Skinékétolek8âk (la moindre fourche)[1] où la Massa8obi (la rivière au loup blanc)[2] se jette dans l’Alsiganteka, les pins altiers et odoriférants de Koattega[3] etc. On a laissé l’Alsiganteka dont le cours bifurque à Skiné et on suit la route ordinaire des coureurs de bois laquelle fait un brusque détour vers le grand lac Mamla8bagak[4] où l’on s’approvisionne de molajigane[5] et de maskénoja[6]. Puis, une fois traversée cette immense steppe de neige et de glace la caravane fait demi-tour à gauche, contourne une série de mon-

  1. Lennoxville.
  2. Massawippi.
  3. Coaticook.
  4. Memphramagog.
  5. malachigan ou achigan.
  6. maskinongé.