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Toutefois, au lieu de longer le cours de la Pescatacoua[1], on se rendait à une journée plus à l’est, sur la Kanutega[2]. C’est là qu’on devait faire halte et se concerter quant au plan d’attaque, car s’il convient de prévoir il faut aussi compter avec le hasard qui non seulement arrange bien des choses, mais dérange parfois bien des plans !

La plupart des hommes blancs de la troupe d’Hertel de Rouville avaient été recrutés par lui et par ses frères, Hertel de Chambly, Hertel de Cournoyer et Hertel de Beaulac, dans leurs fiefs respectifs. Leur cousin, Crevier de Saint-François, ainsi que le Père Bigot avaient également aidé au recrutement.

Les Abénaquis étaient au nombre de septante-quinze qui s’étaient enrôlés avec empressement car ils étaient d’humeur pugnace, avides de revanche, de pelfre et même d’aventure.

À leur tête étaient Tamacoua, le grand chef ou Sagamo, vieux guerrier sexagénaire, qui avait servi sous le Baron de Saint-Castin, et ses deux fils, 8olaki et Nossagou qui commandaient en second.

L’indispensable sked8a8asino, conjureur, téphramancien, homme de médecine, etc, les accompagnait. C’était lui qui, le moment venu, entonnait le chant de guerre, excitait l’ardeur des combattants, pansait les blessures, attirait, sur l’ennemi le courroux de Ni8askichi et promettait aux mourants le skempi ou paradis de chasses abondantes et de fainéantise éternelle.

On avait prévu que l’expédition pourrait durer deux mois. Il fallait donc se munir de provisions en conséquence. Sans doute,

  1. Piscataquay, la rivière au chevreuil.
  2. Connecticut, la rivière longue.