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VI


Ainsi donc, le sort en était jeté : le parti favorable à la guerre l’avait emporté. L’intrigue politique et le fanatisme sectaire avaient prévalu sur la sagesse et la prudence.

Monseigneur de Vaudreuil, dont la décision pesait d’un grand poids, s’était prononcé contre les meilleurs intérêts de la colonie. Il n’avait tenu aucun compte des sagaces représentations des porte-parole autorisés de ses administrés. Il jugeait plus profitable pour lui de soigner ses petites affaires, de paver le chemin à son avancement en servant les intrigues de la favorite dont c’était la politique de raffermir la constance chancelante de son volage amant ou de titiller la ferveur émoussée de sa vanité en jetant des hochets de conquête à ce monarque gâteux, encore plus asservi au luxe qu’à la luxure, plus fat qu’infatué, le plus salace peut-être mais, à coup sûr, le plus insatiablement ambitieux des Bourbons.

Monseigneur de Vaudreuil, placebo servile, s’était dit, sans doute, qu’il ne manquerait pas de se tenir bien en cour et de faire montre de zèle pour la gloire du Royaume en créant au profit de l’ancienne France, quoique au détriment de la nouvelle, quelque diversion qui contraignît l’Angleterre à distraire des troupes de la coalition européenne ! Le succès de pareille expédition le mettrait en excellente posture. Ne lui fallait-il pas rétablir son prestige branlant et se faire pardonner l’origine canadienne de son épouse.

Le plan de campagne avait été promptement élaboré.