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— Le colon réclame parfois, mais, Dieu merci, le capitaine de milice sait lui imposer silence.

— Soit, je compte sur vous pour l’exécution des ordres qu’on m’a transmis et auxquels il faut bien assentir. L’expédition a été confiée à mon cousin, de Rouville.

— À la bonne heure, en voilà un, au moins, un vrai Bayard sous qui il fait bon servir.

— Il m’a quitté, hier soir, pour se rendre à Chambly. Je compte sur vous pour lui racoler une centaine d’hommes. Canadiens ou sauvages.

— Ah ! les canaouas[1] c’est chose facile de les décider à déterrer la hache de guerre pour peu qu’il y ait perspective de butin. J’aurai soin de choisir les plus pillards non seulement en vue du succès de l’expédition, mais aussi dans l’intérêt de la seigneurie. Quand Monsieur de Rouville compte-t-il s’avoyer ?

— Son intention est de tomber sur l’ennemi au moment où ce dernier sera le moins en advertance, par exemple, en février ou mars, alors que l’hiver fait rage et qu’on se croit à l’abri de tout péril humain.

— C’est de bonne stratégie, mais l’expédition sera rude.

— Si le conseil a pu avoir des illusions là-dessus. Monsieur de Rouville, lui, ne se dissmule nullement qu’il s’agit d’une affaire bien négocieuse.

— Il est homme à la mener à bonne fin.

— Allons, mon ami, mettez-vous à l’œuvre. Dites à votre beau-frère Vadnais que je lui mande veiller sur les vôtres pendant vo-

  1. terme dérisoire pour désigner les sauvages.