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IV


Les historiens nous assurent que Monseigneur le Marquis de Lauson, qui succéda à d’Ailleboust de Coulonge comme gouverneur de la Nouvelle-France, fut un piètre administrateur. Nous consulterions en vain les archives en quête de quelque œuvre qui ait immortalisé sa mémoire. Il embrassait beaucoup, paraît-il, mais étreignait mal : nous n’en voulons d’autre preuve que la vaste étendue de territoire qu’il se fit octroyer et dont son indolence ne sut tirer aucun parti. Ce cent-associé était possesseur de presque toute la rive sud, de Bellechasse à Soulanges. Ayant été trouvé trop léger, il fut rappelé et son empire, démembré par décret royal, passa… aux Mèdes et aux Perses !

Le domaine de la Citière échut à Pierre Boucher, sieur de Grosbois et aultres lieux qui, lui-même, en concéda plusieurs fiefs, entre autres celui de Saint-François-des-Prés, à son beau-frère Jean Crevier qui s’intitula désormais Sieur Crevier de Saint-François. Par la suite et toujours en vertu du jeu de fief, la terre des Chenaux fut cédée à René Crevier qu’on appela Crevier des Chenaux.

D’après les institutions du temps, la tenure en fief était l’un des attributs de la noblesse. Or, comme ce fut, à quelques modifications près, le régime établi au pays, les concessionnaires qui, à la vérité, furent, la plupart du temps, les hommes les plus considérables parmi les colons, ne manquèrent pas de se considérer ennoblis sans toutefois usurper de titre bien défini. On les dénomma « Seigneurs ». S’autorisant du brocart alors fort en honneur que « la terre fait la loi à l’homme et non l’homme à la terre », ils