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à liteaux nacarats. Aux solives du plafond étaient accrochés deux fusils, trois cornes à poudre, un falot avec, à l’intérieur une chandelle de suif à demi-consumée et toute une ribambelle de bottillons d’herbes culinaires ou médicinales : sauge, marjolaine, tanaisie, herbe à chat, etc.

On accédait à l’étage supérieur par une échelle. Cet étage était séparé en trois pièces dont deux petites et une grande. Cette grande pièce servait apparemment de grenier si l’on en juge par la quantité de maïs et autres grains qui s’y trouvaient, à part une bonne provision d’apanacs, navets, etc. On voyait là aussi, entassés pêle-mêle, dans un vieux bahut, rets et verveux, haims et ampilles en quantité

Tout en s’entretenant avec son frère sur le motif probable de la visite de Pariseau, Madame Maugras allait, venait, travaillant sans relâche. Dans un coin de la cuisine se trouvait une énorme bûche de trois à quatre pieds de longueur, placée debout, dont l’extrémité avait été creusée pour en faire un mortier. Dans cette concavité, la femme avait versé une mesure de maïs et, armée d’un pilon d’allure rustique, proche parent du tomahawk, elle broyait ou triturait le grain.

Le ménage Maugras n’avait que six enfants vivants. L’aînée, Hélène, était une belle jeune fille de dix-huit ans, le vrai portrait de sa mère, moins abondante sans doute, mais d’une robustesse évidente. Hélène devait être coquette si l’on en juge par le manchon qu’elle était à se confectionner d’une magnifique peau de castor qu’elle enjolivait de menues freloches ou pompons qui n’étaient autres que les houppes chatoyantes d’une espèce d’azuroux que son frère avait tué aux Isles du lac Saint-Pierre.