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Madame Maugras, née Sophie Vadnais, pouvait être de quelques années plus jeune que son mari : on lui aurait donné trente-cinq ans. De taille moyenne, aux attaches un peu fortes peut-être, c’était le type de la campagnarde pleine de santé et de vie. L’ovale de sa figure pouvait être plus ou moins classique, mais la bise de janvier, achevant de dissiper le hâle dont juillet avait bronzé sa joue, lui donnait un teint de méridionale lequel s’accommodait d’ailleurs fort bien avec deux grands yeux noirs pleins de résolution et de gaieté. Sa physionomie se relevait encore d’une abondante chevelure brune pendant en torsade derrière la nuque et retenue par une résille.

Elle portait un tricot de laine écrue dont elle avait retroussé les manches afin de ne pas gêner ses mouvements, car, tout en soutenant la conversation avec son frère, la vaillante femme vaquait aux soins du ménage.

Les Canadiens de l’époque étaient fort hospitaliers. Aussi, sans crainte de passer pour des cherche-midi, il nous sera bien permis de nous arrêter un instant dans cet intérieur typique et de lier connaissance avec ses hôtes. Cette courte visite, mieux que des pages interminables cherchant à fixer l’ambiance propre à notre récit, saura y jeter de la couleur locale et nous édifier sur les mœurs du temps.

La maison comprenait sept pièces dont quatre à l’étage inférieur. Deux de ces pièces étaient des chambres et occupaient la moitié de la maison. Le mobilier de ces chambres était assez rudimentaire : un immense lit, une lourde commode et un petit chiffonnier sur lequel était posé un lave-mains. Dans chacune des chambres le plancher était couvert de nattes dites castelo-