Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —

que vous et les vôtres êtes pourvus de seigneuries. Votre épée serait-elle à l’encan ?

Le Sieur de Chambly bondit sous l’outrage :-

— Monsieur des Maizerets, tonne-t-il, vous abusez lâchement de vos immunités et je vous défie de trouver un gentilhomme qui prenne à son compte vos basses insultes. Bien que le sauvage m’ait presque enlevé l’usage de mes mains, je sais encore châtier l’insolence et venger mon honneur. C’est l’Iroquois qui m’a ainsi mutilé les doigts. Si jamais vos mains efféminées se déforment, ce sera, Messire Angot des Maizerets, à force d’avoir tiré des ficelles pour supplanter monsieur de Saint-Vallier !

— L’insolent ! rugit le Grand Vicaire, rouge de colère.

— Un dernier mot, Messire. Vous savez l’italien, la connaissance de cette langue vous ayant été utile pour mendier de l’avancement à Monsieur de Mazarin. Oyez donc : « Se un cagnolino abbaja ad un molosso questi che potrebbe divorarlo non vi bada neppure. » Messire Angot des Maiserets, j’ai bien l’honneur de vous saluer !

Et avec un rire sardonique qui dissimule tant bien que mal la chaude-cole qui gronde en lui, Monsieur de Chambly esquisse le geste théâtral d’un mousquetaire qui, de son feutre, balaie le parquet.

Monsieur des Maizerets va riposter lorsque Monseigneur le Marquis juge bon d’intervenir :-

— Allons, allons, messieurs, trêve de querelles. Ce n’est pas lorsque nous sommes à discuter de l’intérêt de la colonie et de la France qu’on doive s’oublier à de pareils altercas. Sa Majesté attend de