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— Alors, vous condamnez, sans plus, papes et conciles, croisés et chevaliers. Urbain, Pierre l’Ermite, saint Louis, Cœur de Lion, etc. ne furent que d’atroces conculcateurs, d’impitoyables bourreaux, de vulgaires assassins ! Dans ce cas, monsieur le casuiste, vous absolvez les mahométans, les albigeois, les suivants de Luther, de Calvin ! Vous vous permettrez, ma parole, de morigéner le Saint Père !

— Messire le Chanoine, reprend, railleur, monsieur de Chambly, je ne vous suivrai pas sur le terrain ou vous voulez porter la discussion. Je ne possède pas l’apertise voulue pour débattre, à boule vue, ces questions et n’entend pas parler latin devant un cordelier, comme on dit. Cependant, j’ai lu quelque part que le fondateur du christianisme avait, lors de son passage sur la terre, donné aux hommes ce commandement qui résume toute sa doctrine quant aux rapports qui doivent exister entre les mortels : Aimez-vous les uns les autres. Est-ce bien suivre ses enseignements que de s’entr’égorger ? S’il faut nous affrèrer ici-bas, il affiert que nous vivions en paix et bénévolence et soyions dans nos rapports, doux et humbles de cœur !

Ce langage si noble devrait désarmer l’irascible Monsieur des Maizerets mais il a cru sans doute voir, dans les dernières paroles de son interlocuteur, une allusion personnelle. Aussi s’emporte-t-il complètement :-

— Monsieur Hertel, je vous trouve bien mansuet et me demande comment le farouche bretteur, l’impavide homme de guerre que nous avons tous connu s’est ainsi mué en agneau bêlant. Il me semble que votre zèle pour sa Majesté tiédit singulièrement depuis