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XX


Il y a, dans la mort, quelque chose, qui violente la raison, qui la fait se cabrer. Toujours, l’homme s’est heurté à ce sombre mur que jamais il ne pourra percer : pourquoi donc la vie ?… pourquoi donc la mort ?… Le sphynx, dans la nuit, ricane à notre angoisse et, galériens aux yeux crevés, nous courbons la tête, emportés, par le courant fatal vers le gouffre où nous sombrons !…

Ces noirs pensers obsédaient le cerveau de Robert tandis qu’une immense angustie lui oppressait le cœur. Pour lui comme pour elle, tout était fini. Tout en lui était ténèbre, sans la moindre lueur, sans le moindre rayon. Il avait tout perdu fors la vie et cette vie désormais lui était à charge. Il était là prostré devant le cadavre de sa fiancée, sans volonté, sans pensée, comme assommé par le coup fatal.

Il fallut l’ardeur brûlante du soleil du midi pour le tirer de cet état d’hébétude. Il se dressa machinalement et la vue de la morte lui rendit conscience de la réalité. Il songea qu’il ne s’appartenait pas encore. Son rôle était de souffrir mais non de s’affliger. Il lui fallait non seulement boire le calice mais en savourer la lie. Le temps se hâte vers l’éternité ; il nous presse et nous aiguillonne sans répit et jamais ne halte sa course ni devant la joie ni devant la douleur. Blessé au cœur, il faut retourner le fer dans sa propre plaie.

Il fallait à Robert inhumer sa chère morte en attendant qu’il put revenir chercher sa dépouille pour la déposer dans le cimetière de Deerfield, près de sa mère, ainsi qu’Alice en avait manifesta de désir.