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XVII


Ktiné !

Quel spectacle enchanteur ! Quel luxe de décors !  ! Quelle richesse de coloris !  !  ! Vraiment, la nature doit avoir épuisé ici toutes ses ressources dans une prodigalité inouïe. L’œil est captivé, le cœur exulte, l’âme est ravie. L’Alsiganteka paraît s’étendre nonchalamment, tel un maharajah somnolant sur une natte de jute, pour contempler à son aise ce tableau pittoresque. De chaque côté, la forêt s’étage en terrasse qui se gradue doucement jusqu’à un promontoire ou asseoir une grande cité. Là, à travers le plateau, accourt du lac Casa8amanipos[1] la Potegourka qui vient marier ses eaux à celles du fleuve. La rivière folâtre, hâtée de partager le lit de l’Alsiganteka, se précipite en une course effrénée, trébuche, glisse, tombe, s’élance à nouveau, trépidant de transports et de divagations que rien ne peut contenir. Sur son passage, les vieux chênes à la peau ridée frémissent à la vue de ces débordements en dodelinant de la tête. Par-dessus le ravin qui s’écarquille pour laisser passer la rivière en goguette, des épinettes rouges se donnent l’accolade. Au pied des cascades qui scandent l’épithalame que chante la Potegourka s’est cavée une vasque où frétillent, avec des miroitements furtifs, des truites ocellées d’or et de pourpre.

Dans la forêt recueillie une symphonie ailée harmonise ce poème de vie et d’amour.

Mais quelle est cette tache grisâtre qui macule la blancheur argentée de l’Alsiganteka non loin de l’endroit où la Potegourka

  1. le petit lac Magog.