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béni notre amour et Dieu ne peut que ratifier la bénédiction d’une mère.

Robert avait vraiment besoin de cette assurance de sa fiancée pour lui remonter le moral. En l’écoutant le courage, lui revenait au cœur. Il se sentait rasséréné par ces paroles si simples mais si riches de piété filiale et de foi vive.

Avec précaution, il précédait la jeune fille, lui battait un sentier, lui indiquait où poser le pied, lui tendait la main pour franchir un obstacle. En peu d’instants, on parvint à la tête de la chute où le fleuve reprenait son cours paisible.

Tout à coup, la jeune fille poussa une exclamation de joyeuse surprise :

— Dieu nous a entendus, dit-elle ; vois sa sollicitude qui déjà se manifeste.

Son bras tendu désignait, à peu de distance de la rive, amarrée avec des liens de babiche, une espèce de pirogue qui reposait sur la grève.

Le jeune homme courut examiner l’embarcation. Il était fou de joie et ne pouvait dissimuler son exultation. Il pressait la jeune fille sur son cœur, lui souriait, reconnaissant, comme à une divinité médiatrice qui aurait exaucé son plus ardent désir.

C’était bel et bien une étanche pirogue de cèdre dont se servaient les Abénaquis quand ils venaient faire la pêche dans le Haut, selon qu’ils disaient. Cela les exemptait de portager leurs canots.

Vite, l’embarcation fut démarrée et, après l’avoir agrénée, l’on se remit en voyage sous les plus heureux auspices mais sans son-