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iv

L’ÎLOT ERRANT DE WATERLOO


Waterloo possède, entre autres avantages naturels, un lac et un fort joli lac quoique les malins Granbygeois affectent de l’appeler une grenouillère.

Granby et Waterloo, vous savez, c’est un peu et proportion gardée, Rome et Carthage. Ainsi, Granby chine avec envie le lac du chef-lieu du comté de Shefford et Waterloo, de son côté, zieute avec convoitise les sveltes cheminées d’usines de la métropole du district de Bedford.

Blague à part, le lac est, dans la physionomie de la ville, un grain de beauté dont fort s’accommoderaient nombre de villes et villages moins biens partagés. Et ses charmes, le lac ne les emprunte pas aux baigneuses, puisqu’il n’y a pas de plages ! Ajoutons également que, sous le rapport de la pêche, on n’y capture que des espèces jugées roturières par les amateurs : brochets, perchaudes ou barbottes.

Mais quand, sous les feux du crépuscule, sa nappe se couvre de moires chatoyantes, le lac fait un tableau qu’on s’attarde à contempler. Sur les côteaux qui dévalent vers ses bords, s’alignent les rectangles des champs et des clos, clavier où se joue toute la gamme des verts, depuis le vert tendre et délayé des pâtis, tiqueté du rouge des durhams ou du noir des holsteins, jusqu’au vert sombre et épais des massifs de sapins, strié des baguettes claires des bouleaux ténus. À l’arrière-plan s’estompe, bien découpée