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massé… doine
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profit la vanité des uns et la cupidité des autres. Quand le soleil est couché, il y a, vous savez, beaucoup de bêtes à l’ombre !

Doucereux et bonne pâte tant qu’ils sont les plus faibles, ils deviennent volontiers pisse-vinaigre et tranche-montagne dès qu’ils ont sous leur coupe les gens dont, au fond, ils envient l’esprit plus relevé et l’âme moins vénale.

Nous n’affirmons pas que Pierre-Honoré Guyon fut de ceux-là ; nous n’avons, à la vérité, que peu de renseignements sur son caractère.

Pour peu qu’on ait d’imagination, il est assez facile de romantiser un récit, mais c’est de chronique qu’il s’agit ici et nous entendons ne rapporter que les faits que la tradition nous a transmis, laissant au lecteur le soin de se repérer suivant ces jalons que nous sommes en mesure de poser. Le roman historique, la nouvelle tirée d’un épisode historique, la légende, le folk-lore s’accommodent de certaine licence, de certaine latitude que réprouve, d’autre part, la probité de l’historien ou du chroniqueur à qui est interdit tout artifice qui, nous ne dirons pas fausse — cela va de soi — mais même enjolive ou fleurit les faits.

Laissons ce rôle facile et peu glorieux à certains docteurs à l’esprit sectaire qui font de leur chaire d’histoire une tribune politique pour accabler de dépit rancunier les hommes d’une autre mentalité ou d’une autre école. Laissons ces professeurs de crétinisme consacrer les restes d’une ardeur qui s’éteint à perscruter et à suspecter, au lumignon fuligineux de leur esprit vacillant, la droiture des intentions et l’excellence des principes, ayant en vue de préjuger le sentiment de la postérité en formant à leur aune ou à leur norme, c’est-à-dire en déformant, la conscience et l’esprit d’une jeunesse confiante et ductile. Il est toujours profitable, et pour son auréole et pour sa bourse, de se ranger du côté des plus forts, du côté de ceux qui croient qu’on fait triompher la vérité du moment qu’on s’assure, per fas et nefas, le dernier mot. Les absents ont toujours tort et ils ont tort