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la légende de petit lac de roxton
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causé par la détonation et la lueur n’avait pas laissé aux danseurs assez de sang-froid ou de présence d’esprit pour se dénombrer.

Et qu’était devenu le beau « cavalier » de Toinette ? En vain Labonté et Doucet se creusaient la tête pour trouver une solution à cette énigme ; ils ne pouvaient s’expliquer la disparition de l’intrus dans des circonstances aussi mystérieuses et qui laissaient planer de graves soupçons sur lui.

— Écoute, Noré, disait Labonté à son ami, ces dandys-là qui viennent ici avec des chaînes d’or et des mouchoirs de soie, c’est rien que pour enjôler les filles d’habitants. On ne devrait pas les endurer, ça tourne toujours ainsi.

— Mais où est-ce qu’il est, le pendard, que je lui torde le cou, rétorquait Doucet que l’absence de l’ennemi enhardissait. Il ne s’est toujours bien pas évaporé comme un feu-follet, à moins d’être le diable en personne !

— Reste à savoir, mon vieux ; ces manigances-là, ç’a l’air pas mal louche. Dans tous les cas, on va aller mener Toinette chez elle au plus tôt et quand elle sera revenue à elle, il n’y a pas de doute qu’elle nous laissera savoir ce qui s’est passé cette nuit.

À la hâte, Labonté et Doucet improvisèrent un brancard afin de transporter Antoinette dont l’évanouissement persistait.

Au moment de la soulever, Labonté recula d’horreur en se signant. Dans le roc vif, tout près d’Antoinette, il venait d’apercevoir deux pieds parfaitement dessinés comme si le roc s’était fondu sous le poids de quelque monstre aux souliers de feu. Le doigt tendu, muet d’épouvante, Labonté indiquait à son ami les empreintes fatales.

Doucet pâlit et ne prononça qu’un mot : — Vite !

Et saisissant vivement Antoinette, ils la disposèrent sur le brancard et la transportèrent chez le plus proche voisin, le père David Martin, en lui disant, sans plus de détails, que Toinette était « tombée sans connaissance » pendant la danse et le priant