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massé… doine
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mission, l’industrie de l’abeille et du castor que fonctionnement machinal et inconscient de l’activité animale. Pour eux, la bonne ayrshire qui les nourrit n’est qu’une créature avachie qui se laisse traire par le premier venu et s’ils admettent le porc à leur table, c’est, vous pensez bien, comme mets et non en qualité de commensal. J’apprends — la chose est incroyable — que des mécréants, novateurs pernicieux, farcis de préjugés contre l’animal le plus paisible qui soit — j’ai nommé notre sympathique ami, le mouton — réclament, en termes virulents et irrespectueux, que son image même soit bannie des assemblées populaires ! N’est-ce pas inouï ?

Pour quelques rets que nous avons éventés et prestement réduits en charpie, ils ont répandu la calomnie que nous, écureuils, sommes des rongeurs. Quel mal y a-t-il à ce que nous grignotions par ci par là quelques amandes. Et même si parfois il est arrivé à quelque guerlinguet affamé de gruger d’une noix la largeur de sa dent, est-ce bien à eux de crier : Haro !

S’il se trouve, parmi eux, quelque être privilégié qui fuit leur commerce, ils disent pour le ridiculiser : C’est un ours ! D’un escroc, d’un filou, ils diront : C’est une fine mouche, c’est un vrai renard. D’une personne dépourvue d’intelligence : C’est une oie, c’est un dindon. D’une coquette qui tient haut la dragée : Quelle grue ! Ils se croient très malins d’insulter jusqu’à l’humble insecte en répandant le bruit que, devenu vieux, le diable se fit termite !

Entendons-nous, car tout est relatif en ce bas-monde. Si ces comparaisons sont une preuve de culture intellectuelle et de bon goût, il est temps qu’on le sache. Nous n’avons nulle objection à entrer en parallèle avec l’homme et nous ne serions peut être pas en reste sur le chapitre des rapprochements lesquels, qu’on m’en croie, ne seraient ni moins odieux, ni moins grotesques.

Combien de fois n’ai-je pas entendu mon père s’apitoyer sur